Scientifiques: tous fraudeurs ?
Vous vous souvenez peut-être du gros scandale scientifique de l'hiver dernier : la communauté découvrait, éberluée, que l'une des plus importantes découvertes scientifiques de ces dernières années, à savoir la possibilité de fabriquer des "cellules souches" humaines, n'était qu'une vaste supercherie, qu'un ensemble d'expériences truquées reposant sur un habile photomontage ! En fait, comme l'expliquent Rossner et Yamada dans un article récent de Journal of Cell Biology, les manipulations de données, volontaires ou non, sont en fait assez fréquentes. Sans aller jusqu'à la fraude éhontée, il est parfois tentant pour le chercheur soumis aux contraintes du "publish or perish" d'enjoliver voire de sélectionner certains résultats plus conformes à l'hypothèse de départ. Il dispose alors d'une arme redoutable, sorte d'EPO des labos, j'ai nommé : Photoshop ! En effet, rien n'est plus convainquant qu'une jolie photo d'une cellule colorée avec le bon marqueur au bon endroit pour appuyer une hypothèse un peu provocante sur la localisation inattendue d'une protéine... et rien n'est plus facile que d'amplifier, voire d'ajouter un petit point de couleur à l'endroit voulu !
Afin de lutter contre cette dérive, les grandes revues scientifiques disposent maintenant d'éditeurs spécialisés dans l'analyse d'image. Ceux-ci disposent de méthodes et d'algorithme afin de détecter les images artificiellement modifiées. Sur l'illustration ci-dessus, on voit par exemple comment les chercheurs ont "rajouté" des cellules sur leur illustration afin de renforcer leur propos. Rien de bien méchant ici donc : il y a en fait tout un continuum entre la simple inattention et la fraude pure et simple. Mais l'impression du lecteur est en quelque sorte biaisée : un chercheur réalisant la même expérience et n'observant pas la même densité de cellules pourrait passer plusieurs semaines à essayer d'améliorer son protocole pour obtenir le même résultat... Car la fraude scientifique pénalise avant tout et en premier lieu les scientifiques eux-mêmes. Selon Rossner, certains chercheurs peuvent, en orientant en toute bonne foi la présentation de leurs résultats, en arriver à se tromper eux-mêmes ! Alors, quand le renouvellement de votre tenure, votre avancement de carrière ou des enjeux financiers sont en jeu... Moralité, et comme dirait Karl Zéro, même en science, méfiez vous des contrefaçons !
Référence : Rossner et Yamada, Journal of Cell Biology, Volume 166, Number 1, 11-15
Afin de lutter contre cette dérive, les grandes revues scientifiques disposent maintenant d'éditeurs spécialisés dans l'analyse d'image. Ceux-ci disposent de méthodes et d'algorithme afin de détecter les images artificiellement modifiées. Sur l'illustration ci-dessus, on voit par exemple comment les chercheurs ont "rajouté" des cellules sur leur illustration afin de renforcer leur propos. Rien de bien méchant ici donc : il y a en fait tout un continuum entre la simple inattention et la fraude pure et simple. Mais l'impression du lecteur est en quelque sorte biaisée : un chercheur réalisant la même expérience et n'observant pas la même densité de cellules pourrait passer plusieurs semaines à essayer d'améliorer son protocole pour obtenir le même résultat... Car la fraude scientifique pénalise avant tout et en premier lieu les scientifiques eux-mêmes. Selon Rossner, certains chercheurs peuvent, en orientant en toute bonne foi la présentation de leurs résultats, en arriver à se tromper eux-mêmes ! Alors, quand le renouvellement de votre tenure, votre avancement de carrière ou des enjeux financiers sont en jeu... Moralité, et comme dirait Karl Zéro, même en science, méfiez vous des contrefaçons !
Référence : Rossner et Yamada, Journal of Cell Biology, Volume 166, Number 1, 11-15
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