Carnet du petit Tom : Physique, biologie et évolution...

19 septembre 2005

Lecture : Merlin

J'ai récemment fini de lire le tome suivant du livre du Graal, qui nous compte la conception et la vie de Merlin jusqu'à l'avènement du roi Arthur. Ce livre est très intéressant et très instructif. Après le triomphe de Jésus (qui est allé jusqu'à sortir Adam et Eve des enfers selon la tradition de l'époque), le Malin souhaite concevoir un prophète des Enfers, pendant maléfique du Christ. Il s'acharne alors sur une famille et prend littéralement la vertu d'une pauvre jeune fille un soir où celle-ci est affaiblie. De cette union naît Merlin. Celui-ci, comme les démons, possède la connaissance du passé et un certain nombre de pouvoirs occultes. Le narrateur nous explique alors que Dieu donne la connaissance du futur à l'enfant, le laissant choisir sa propre destinée. Merlin choisit alors évidemment la chrétienté.

Le roman est beaucoup plus amusant et plus prenant que Joseph d'Arimathie. Merlin est un personnage bien plus sympathique que les bigots du roman précédent : s'il est assimilé à un nouveau Christ, il a un côté païen évident et trempe parfois dans de biens mauvais coups (par exemple dans la conception du roi Arthur). On apprend également l'origine de la Table Ronde, qui forme une nouvelle trinité avec la Cène et la table de Joseph d'Arimathie. Pour continuer sur mes commentaires de la religion à l'époque, j'ai appris en lisant les notes que Merlin était un roman antérieur à Joseph d'Arimathie. Peut-être est-ce une question de style de l'auteur, mais je trouve cela assez édifiant lorsque l'on compare le statut de la religion et des femmes. Le caractère fondamentaliste (au sens moderne) de Joseph par rapport à Merlin est évident : on sent l'influence (postérieure donc) d'un chistianisme culpabilisateur et épuré, qui n'est présent que sous formes de traces dans Merlin. Cela pose pas mal de questions à mon sens sur les évolutions historiques des religions. D'une certaine manière, la pratique du christianisme semble s'être radicalisée à cette époque alors même qu'il avait en quelque sorte bataille gagnée et supplantait les traditions païennes antérieures. A l'ouverture de notre siècle prétendûment "spirituel", c'est assez inquiétant, non ?

Perso : Docteur !

Ca y est, je suis docteur !
Ma soutenance s'est très bien passée, et je suis très content. Tout s'est déroulé très vite, je n'ai pas vraiment eu le temps ni de cogiter, ni de stresser. J'ai donc officiellement fini mes études vendredi dernier. Je vais me consacrer maintenant à mon post-doc, et vais pouvoir de nouveau poster des billets !

11 septembre 2005

Buzz : Mon blog a la cote...

Vu la taille de mon lectorat et par masochisme, j'ai essayé de taper "tom roud" sous google pour voir. Quelle ne fut pas ma surprise de voir apparaître un résultat ! Comme vous pourrez le constater si vous faites l'expérience, il s'agit d'un lien concernant un blog que j'aime bien (le blog de Jean Véronis). J'ai donc ainsi eu la surprise de découvrir "blogshares", qui semble n'être rien de moins qu'un jeu de bourse aux blogs. Si j'ai bien compris, dans ce jeu, chaque blog est en fait une "entreprise", qui peut acheter et vendre d'autres blogs dans cette bourse virtuelle. La valeur de cette entreprise dépend du nombre de liens entrant et sortant vers ce blog. Après cette petite phase d'étonnement, j'ai regardé la page concernant mon blog. C'est alors que je me suis aperçu qu'il était possible de "réclamer" (claim en Anglais, je ne trouve pas de meilleur mot pour faire la traduction) un blog, dont le mien. Mon sang n'a alors fait qu'un tour : n'importe qui pourrait-il faire valoir des droits, mêmes virtuels, sur mon blog ? Cela m'a bien énervé : je décidai donc de "réclamer" mon blog. J'entrai donc une de mes adresses mails annexes pour m'enregistrer et réclamer mon dû légitime. En retour j'ai reçu un e-mail me confirmant que mon blog m'appartenait sous réserve d'inclure un bandeau (très discret heureusement, un peu à l'image des liens de validation HTML) sur ma page d'accueil. Conclusion n°1 : je suis un pigeon, et je me suis bien fait avoir car il est impossible que quelqu'un d'autre que moi ne réclame mon blog. Mon adresse e-mail annexe vient donc d'aller enrichir un nouveau fichier. Conclusion n°2 : sous réserve de s'amuser, blogshares a trouvé là un bon moyen de se faire de l'argent grâce aux pubs discrètement dissimulées dans son site. Blogshares vient d'inventer le capitalisme virtuel pour pratiquer un capitalisme bien réel.

Perso : J -5

Dans cinq jours maintenant, je soutiendrai ma thèse. Stress !
Ces derniers jours, je suis très occupé. Non seulement il faut que je prépare ma soutenance, mais encore je suis en train de préparer mon départ aux Etats-Unis pour mon post-doc, ce qui est en fait bien plus embêtant. Il faut se renseigner pour les impôts, la protection sociale là-bas... J'ai aussi essayé de me renseigner pour la retraite, mais la CNAV me dit d'appeler la CPAM tandis que la CPAM me dit d'appeler la CNAV. Je n'ai pas encore (complètement) résolu ce dilemme. J'essaie aussi de trouver comment me faire expédier une ou deux grosses caisses d'affaires personnelles par bateau, mais j'ai beaucoup de mal à trouver quelque chose de moins cher que FedeX. Côté thèse, les choses se clarifient (heureusement 8^) ). Mes transparents sont prêts (je répète avec mon boss mercredi), j'ai implémenté les dernières corrections des rapporteurs dans le manuscrit, si bien que je suis proche d'une version définitive. Je vais également essayer d'apporter les derniers papiers administratifs à Jussieu demain. Côté pot, tout devrait bien se passer grâce à l'aide efficace de mes parents. En ce qui concerne le reste, il faudrait que j'écrive un papier avant mon départ - mais je n'ai ni le temps, ni le courage de m'y atteler cette semaine-, il faudrait aussi que j'améliore un petit modèle auquel je réfléchis depuis quelques temps. Heureusement, je n'ai pas été atteint du syndrôme To phD or not to phD !
PS :Je vais aussi reprendre le badminton demain, youpi!

07 septembre 2005

Perso : Joyeux mésiversaire !

Ce blog a officiellement un mois. Youpi !
Récapitulons : en un mois, j'ai écrit 14 billets, en comptant celui-ci. Le rythme est assez bon je trouve, mais j'étais à moitié en vacances, je doute d'arriver à continuer à écrire aussi régulièrement. Côté sujets, j'ai essayé de varier : 5 billets "scientifiques", 3 billets sur mes lectures, 4 billets persos, et 2 billets sur le foot... Côté lectorat, c'est toujours la morne plaine, il faut dire que seule les Blondes semblent savoir se servir du net, et qu'en fait je ne suis pas assez geek pour me faire de la pub sur le web. Côté style, je me trouve parfois un peu ennuyeux (mais bon, j'ai peut-être tort, je n'ai pas beaucoup de feedback !). J'aborderais peut-être d'autres sujets prochainement, j'aimerais aussi refaire les skins de ce site, elles ne sont pas super funky, mais je n'ai pas trop le temps. Voili voilou, à bientôt !

Buzz : les Bleus matent les petits hommes verts


Nous y sommes presque. Une victoire contre la Suisse et nous sommes en Coupe du Monde (on n'aurait même pas besoin de gagner contre Chypre derrière, contrairement à ce que disent nos abrutis de journalistes sportifs, qui ne sont même pas foutus de comprendre un règlement FIFA). Le match de ce soir était un match âpre, rude, un vrai match international, comme on les aime. Une vraie partie d'échecs, où la moindre erreur est fatale. Et la chance bleue est revenue : sur un ballon anodin, un geste lumineux d'Henry nous a permis de l'emporter. Henry n'avait pas marqué depuis un bon bout de temps, si bien qu'on se mettait à douter de lui (moi y compris, je l'avoue), mais il a marqué LE but. Pas uniquement celui de la victoire, peut-être bien celui de la naissance d'une équipe, avec une véritable âme, une volonté de gagner, qui peut mener loin. Depuis le début des matchs de qualification, ce groupe ressemble trait pour trait au groupe de qualification de l'Euro 96 : une floppée de matchs nuls 0-0 à domicile, une équipe qui tarde à naître, et puis soudain un exploit. Il y a dix ans, la France battait la Roumanie 1-3 à Bucarest, avec des buts entre autres de Karembeu et Zidane. La grande équipe de France est née à ce moment. Ce soir, la France est allée gagner en Irlande, ce qu'elle n'avait pas fait depuis plus de 50 ans. L'Irlande est pourtant redoutable à domicile : on se souvient par exemple que les Pays-Bas ont été éliminés des qualifications de la Coupe du Monde 2002 à Dublin. N'en doutez pas, chers lecteurs, l'Equipe de France a réalisé un authentique exploit. Il faudra confirmer dans un mois contre la Suisse, et on pourra alors affirmer haut et fort que les Bleus sont de retour.

05 septembre 2005

Science : Loi de Murphy et météorologie...

Un petit compte-rendu d'une conférence très intéressante donnée par Yves Fouquart au Congrès de la SFP. Ce chercheur est spécialiste de climatologie et malgré un mal de dos évident, nous a relatés avec beaucoup d'humour notre futur climatique. Ma conclusion est qu'on est très mal barré. Il a évoqué une véritable loi de Murphy météorologique, dans le sens qu'aucun processus naturel n'est capable a priori de contrer l'augmentation du CO2 due à l'activité humaine. L'idée de base de la conférence était de tenir le réchauffement climatique comme acquis et d'examiner ses conséquences. Si on considère une variation (petite) de température donnée, peut-on quantifier la variation de CO2 associée dans l'atmosphère ? La réponse est oui : les modèles théoriques développés ces dernières années marchent très bien et montrent que malheureusement lorsque la température augmente, la conséquence globale est qu'il y a plus de CO2 relargué... Autrement dit, il n'y a quasiment que des réatroactions positives, qui vont tendre à augmenter la concentration en gaz à effet de serre et donc la température. Cela fait des années que les météorologistes - et l'administration Bush 8^) - cherchent néanmoins d'éventuelles rétroactions négatives (c'est-à-dire des rétroactions qui vont entraîner une consommation plus importante du CO2 avec une augmentation de la température). Un exemple récemment contredit est cette idée de "puits de carbone" : en augmentant la concentration de CO2, la consommation des plantes pour la photosynthèse pourrait augmenter, ce qui serait une rétroaction négative. En fait, cette hypothèse a été retoquée par des études récentes (Le Monde en a parlé). Maintenant que prédisent les modèles ? D'abord, même si l'activité économique s'effondrait du jour au lendemain, il y a suffisamment d'inertie pour que la température augmente de quelques degrés. A l'horizon 2100, il y aura vraisemblablement une augmentation en moyenne de plusieurs degrés Celsius. Quelques degrés représentent a priori peu, mais les conséquences peuvent être dramatiques car il y a pas mal d'effets de seuil en météorologie. Par exemple une augmentation infime de température sur quelques années peut modifier considérablement la dynamique des glaces du pôle Nord en particulier. A terme, cela pourrait modifier la dynamique des courants océaniques et on prévoit même un possible arrêt du Gulf Stream. L'Europe se refroidirait donc à cause du réchauffement. Un autre exemple lié à l'actualité récente est la formation des tempêtes tropicales. Celles-ci se forment lorsque l'eau des océans atteint une température bien précise. Or, si l'eau est plus chaude globalement, il y aura forcément plus de tempêtes, qui seront également plus violentes. L'exemple tragique récent m'a rappelé les paroles de Bush père qui refusait de signer le protocole de Rio en 92 au motif que "le mode de vie américain n'é[tait] pas négociable"...

03 septembre 2005

Lecture : Joseph d'Arimathie


J'ai attaqué ces derniers jours la série du mythe du Graal. Il va me falloir du courage pour finir le tout : il y a quand même deux gros tomes dans la collection "La Pleiade" (il faut dire qu'ils ont inclus la version en ancien français). J'ai fini Joseph d'Arimathie. Ce roman vaut vraiment le détour à plusieurs titres. D'abord, c'est l'introduction du grand cycle littéraire du Moyen Age. Ensuite, il fait le lien (romanesque) entre le Nouveau Testament et l'Occident chrétien, car il annonce la Quête du Graal menée par les chevaliers d'Arthur. Nous suivons donc les péripéties de Joseph d'Arimathie, qui a recueilli le sang du Christ dans la "sainte écuelle", et qui voyage en pays sarrasin, convertissant le roi Mordrain et son beau-frère Nascien, ancêtre de Lancelot et de Galaad. Il leur arrivera de nombreuses aventures, parfois loufoques, mais ils s'en sortiront en s'en remettant toujours à Dieu. En dehors de l'histoire, le plus intéressant à mon sens est toute la philosophie morale catholique du Moyen Age qui transparait dans le récit. Ainsi, vous retrouvez un Dieu vengeur, extrêmement dur avec les mauvais, mais qui pardonne instantanément si vous épousez la foi du Christ. Le pêché est sévérement condamné, et le plus honni d'entre eux est le pêché originel, commis par Eve et partiellement "rattrappé" par la conception "sans luxure" du Christ. C'est d'ailleurs sans conteste possible le roman le plus misogyne que je connaisse : la femme est représentée comme le pêché incarné. Par exemple, le diable apparaît toujours sous des traits féminins; il y a quantité d'anecdotes et de récits annexes consacrés à la duplicité par nature de la femme, par exemple le récit de la vie d'Hippocrate (oui oui, le médecin !). Plus qu'un être inférieur, la femme est représentée comme un être dangereux... C'est en fait assez effrayant, car on réalise en lisant ce "conte" que toute notre civilisation et notre culture reposent en fait sur ce genre de traditions. J'ai depuis attaqué Merlin qui est plus moderne de de point de vue : la femme redevient sauvable (à condition qu'elle soit très pieuse évidemment).

Perso : Congrès de la SFP


Chers lecteurs de ce blog,
me voici enfin rentré du congrès de la société française de physique. Ce congrès était organisé à Lille en commun avec la Belgian Physical Society, fusion des deux sociétés belges de physique (notez l'anglais qui évite de devoir choisir entre les deux langues belges ). Le congrès fut très bon d'un point de vue scientifique, et j'ai beaucoup apprécié les nombreuses conférences. Il faut dire qu'il y avait la crème française, voire internationale. Je reviendrai sur certaines interventions dans des billets spécifiques dans les jours à venir. L'organisation était au top, il y avait ce qu'il fallait de paillettes : réception à la mairie de Lille, dîner de gala sous une spendide verrière année 30... En revanche, peu de "people" non scientifique : ni ministre de la recherche, ni Martine Aubry, qui s'est faite excuser lors de l'inauguration et lors de la réception à l'hôtel de ville. Je trouve cela un peu dommage : 2005 est l'année mondiale et internationale de la physique (ne me demandez pas la signification de cette distinction, je n'en ai aucune idée) et c'était tout de même le grand congrès de la SFP (le prochain n'aura lieu qu'en 2007), en collaboration avec un autre pays européen. A l'heure où l'on parle beaucoup à la fois d'Europe et de recherche, notamment à travers les objectifs de Lisbonne qui visent à faire de la recherche une priorité dans le but du développement économique, une présence politique symbolique aurait été appréciée (par moi en tous cas)...