Carnet du petit Tom : Physique, biologie et évolution...

31 janvier 2006

Zolies images

Bon, j'ai trouvé le moyen de mettre de zolies images sur mon blog, en dehors des billets. Du coup, j'ai fait une petite bannière pour mon blog. Comme je parle pas mal d'évolution et de création, je trouvais que c'était pas mal de mettre la création de l'homme, non ?

Science : la gauche et la droite


Non, non, je ne m'aventure pas sur le terrain glissant du blog politique, mais je continue ma série "génétique et évolution" en évoquant certaines données sur les gauchers et les droitiers. Environ 10% de la population est gauchère : est-ce dû au hasard, où y a -t-il des raisons génétiques plus profondes (un gène du gaucher) ? L'hypothèse génétique est par exemple contestée par le fait qu'environ 18% des vrais jumeaux n'ont pas la même latéralité.

Une façon de voir si la génétique joue un rôle là-dedans est d'examiner les corrélations avec un autre trait de latéralisation, si possible déterminé dès la naissance. Le problème est que notre corps est essentiellement symétrique. Pourtant, une partie invisible de notre anatomie est hautement latéralisée : le sommet de notre crâne ! En effet, nos cheveux ne sont pas implantés n'importe comment mais forment une espèce de spirale, orientée donc. Un chercheur s'est donc amusé à étudier le sommet des crânes des gens (vous pouvez admirer sa propre implantation sur la partie droite de la photo) et à corréler ce motif avec leur main favorite. L'expérience n'est pas évidente : impossible de voir quoi que ce soit sur les chauves ou les jeunes branchés au cheveu trop long ! Après élimination de ces divers biais statistiques, il apparaît qu'en moyenne, dans la population, 92% des personnes ont une implantation dans le sens des aiguilles d'une montre. Or chez les gauchers, cette proportion chute à 56 %. Cela signifie donc a priori qu'il y a effectivement une corrélation, et donc que vraisemblablement, il y a une partie de génétique dans cette latéralisation... Autrement dit, il y a des prédispositions génétiques à être gaucher ou droitier, mais heureusement, une part de hasard semble également jouer !(ou alors d'autres gènes encore inconnus, ce qui est plus déprimant...)

L'illustration et les données dont je parle sont tirées de Klar, Genetics, 165: 269-276.

30 janvier 2006

Racolage

Suite à quelques remarques privées et pour satisfaire mon lectorat de plus en plus nombreux (mais toujours aussi peu réactif dans les commentaires), je vous propose aujourd'hui de découvrir la physique des semi-conducteurs avec Britney Spears.

Et oui, Britney Spears est en fait une spécialiste de la physique quantique, qui maîtrise pafaitement les concepts d'Energie de Fermi, de bandes de conduction et de valence comme le prouve l'illustration ci-contre. Elle partage avec nous sa passion secrète sur ce site, classé en son temps site numéro 1 par les fans. Quelle geekette, cette Britney !

26 janvier 2006

Science : l'évolution de la spéciation


Même si son oeuvre majeure s'intitule "l'origine des espèces", Darwin n'a pas réellement trouvé de réponse satisfaisante au phénomène de spéciation. A ma gauche, nous avons la jument, et à ma droite l'âne. Jument et âne peuvent être croisés pour donner un mulet, indiquant leur proximité dans l'évolution. Cependant, ce mulet est stérile, l'âne et le cheval sont deux espèces différentes. Considérons maintenant leur ancêtre commun (appelons-le chevâne par example). A un moment donné dans l'évolution, un chevâne donne naissance à un âne. Mais en l'absence d'autres ânes, comment cet âne peut-il se reproduire et transmettre ses gènes puisque deux espèces différentes ne peuvent donner naissance à un hybride fertile ?

Apparemment, ce problème était longuement débattu au début du siècle. Les lois de Mendel semblaient également à première vue contredire l'hypothèse génétique de spéciation. En effet, supposons par exemple qu'il existe un gène crucial déterminant la spéciation. Le génotype du cheval serait alors CC, tandis que le génotype de l'âne serait AA. L'hybride AC serait alors stérile. Maintenant, si tout hétérozygote est stérile, il est impossible d'avoir un mécanisme d'évolution expliquant la spéciation, puisque si CC mute en CA par exemple, ce dernier est stérile.

Du coup, les biologistes du début du siècle (le XXe...) ont cherché des explications ailleurs : par exemple, peut-être que les véritables marqueurs de l'espèce étaient dans le cytoplasme de la cellule (hypothèse assez amusante considérant le fait qu'on veuille aujourd'hui fabriquer des cellules souches humaines à partir d'ovocytes de ... lapin ! en même temps, si cela donne naissance à Jessica Rabbit...). Apparemment, le "tout-génétique" n'avait pas vraiment la côte à l'époque. La réponse est venue d'un certain Dobzhansky en 36, qui a redécouvert un mécanisme proposé par un certain Bateson - il y a eu beaucoup de redécouvertes en génétique. Supposons que l'espèce est déterminée par au moins deux gènes, par exemple a et c. Notre chevâne aurait par exemple le génotype aa-cc. Les ancêtres des ânes ont eu une mutation sur le gène a ce qui a donné Aa-cc, qui est rapidement devenu AA-cc. Les ancêtres des chevaux ont muté le gène c, ce qui a donné aa-Cc, qui est rapidement devenu aa-CC. Le mulet a pour génotype Aa-Cc : on voit alors que les ânes et les chevaux ont pu diverger sans passer par le mulet. Le paradoxe est levé : il suffit juste que A et C en même temps soient incompatibles, et ils ont pu apparaître indépendamment l'un de l'autre.... En fait, les expériences ont depuis montré que c'était effectivement par de tels mécanismes que des espèces pouvaient apparaître.

Cette théorie très amusante et les controverses associées peuvent être trouvées dans un papier d'H. Allen Orr, Genetics, 144: 1331-1335.

19 janvier 2006

Science : théorie des cordes et intelligent design


Un physicien, Léonard Susskind, vient de sortir un livre, intitulé "The cosmic landscape", dont le New York Times vient de faire la critique. Susskind est un "cordiste" , professeur à Stanford. Son livre parle d'une "découverte" récente de la théorie des cordes : apparemment, bien loin d'expliquer les valeurs exactes des masses des particules ou encore des constantes fondamentales, la théorie des cordes semble suggérer l'existence d'univers multiples, chacun ayant ses propres constantes physiques. Le problème, c'est qu'un univers avec des constantes un peu différentes pourrait être invivable : si on modifie un peu la constante de gravitation, les étoiles pourraient s'effondrer immédiatement par exemple. En fait, cet effet a l'air assez violent : notre univers semble avoir des propriétés hautement non triviales, à toutes les échelles. Sans aller jusqu'à la physique des particules, les propriétés de l'eau sont assez extraordinaires comparées à des molécules "similaires". Evidemment, cela excite considérablement mes amis les ID : qui d'autre que Dieu aurait alors pu choisir les constantes fondamentales aboutissant à l'émergence de la vie ? Les physiciens ont alors un argument "qui tue" : en fait, tous ces univers existent réellement et notre univers ne serait juste qu'une partie du "méta-univers". De là découle le "principe anthropique" : en fait, notre univers est tel qu'il est car c'est le seul univers possible ayant des constantes fondamentales permettant l'apparition d'observateurs intelligents...
Je dois avouer que ce genre de discussions m'amuse un peu. Les ID jubilent sur le fait que les cordistes ne puissent pas trouver de meilleure explication à notre existence. Les cordistes eux-même semblent d'ailleurs un peu gênés aux entournures : il faut dire que leur projet commun n'était rien de moins que trouver "l'équation du tout". Quand on lit les dernières lignes de la "Brêve histoire du Temps", de Hawking, on n'est d'ailleurs plus très loin de la mouvance créationniste :

If we do discover a complete theory, it should in time be understandable in broad principle by everyone, not just a few scientists. Then we shall all, philosophers, scientists, and just ordinary people, be able to take part in the discussion of the question of why it is that we and the universe exist. If we find the answer to that, it would be the ultimate triumph of human reason — for then we would know the mind of God.

Comme je le disais dans un billet précédent, les ID ont ce trait très répandu de croire que la science peut tout trouver, tout expliquer. Ce qui fascine d'ailleurs le grand public dans la théorie des cordes est que c'est effectivement son projet explicite : trouver l'hamiltonien ultime, la "théorie du tout" (D'ailleurs, je me demande si le fait que la théorie des cordes comme l'ID aient tellement d'échos ici aux Etats-Unis n'est pas lié au protestantisme culturel, très lié à l'idée du destin). Dans ce cadre, l'aléatoire n'a pas sa place, d'où le choc provoqué par cette découverte que, finalement, la théorie des cordes a en fait énormément de paramètres libres. Est-ce donc si difficile d'imaginer que notre présence pourrait être simplement due à une fluctuation statistique ?



Petit commentaire du Tom Roud physicien : il faut quand même souligner à ce stade que la théorie des cordes est "discutée" dans le milieu. Il y a vraiment deux écoles : ceux qui y croient et ceux qui n'y croient pas (encore en tous cas). En fait, j'ai appris l'existence du livre de Susskind par un physicien des particules : même lui était mal à l'aise avec les cordes. En fait, le gros "problème" est que la théorie des cordes est, pour l'instant, basée sur de la pure extrapolation théorique. Aucune expérience à court terme n'est susceptible de la confirmer. Cela pause un vrai problème : la physique est censée être la science du "réel". A ce titre, les supercordes sont des mathématiques, d'ailleurs il y a une certaine porosité entre les deux disciplines. Ce physicien des particules posait la question pertinente d'un point de vue physique : les supercordes dominent totalement (peut-être pour de bonnes raisons) le champ de la physique des très hautes énergies, en englobant le modèle standard, pourtant, même les hypothèses de base de cette théorie n'ont pas été encore vérifiées. Ainsi, on n'a toujours pas de preuve de la supersymétrie par exemple. Et imaginons qu'on ne trouve pas le fameux boson de Higgs ? Que se passerait-il alors ? Tout cela pour dire que les supercordes sont pour l'instant spéculatives (même si toutes les dérivations sont très certainement rigoureuses et exactes), et que de ce fait les physiciens non cordistes demandent à être convaincus par des manips. Mais si la théorie des cordes est finalement vraie, elle constituera l'une des plus grandes réussites de l'esprit humain !

18 janvier 2006

Pauvre libé...

Cela fait quelques mois que rien ne va plus à libé, voire quelques années selon certains qui glosent sur un journal passé de Sartre à Rotschild. Tout cela je dois le dire m'attriste beaucoup... Je suis un ancien abonné déçu du Monde - j'avais été relativement choqué par le ton très pro-gouvernement autour de 2003. Je m'étais rabattu sur libé et le figaro, tout en conservant mon abonnement en ligne au Monde pour 5 euros par mois, histoire quand même de garder une préférence ne serait-ce que symbolique. Je n'ai jamais été un grand fan du Figaro, même s'il y a parfois quelques tribunes intéressantes (je ne suis pas souvent d'accord avec A. Adler, mais il a un certain style) et même si je m'amuse beaucoup des divers coups de "brosse à reluire" passés sur le gouvernement en général et Nicolas S. en particulier. Libé est plus intéressant selon moi pour ses pages rebonds, ainsi pour quelques-uns de ses chroniqueurs réguliers : de Schneidermann à Davidenkoff sur les questions d'éducation. Les blogs de libé sont eux aussi intéressants. Pourtant la partie "information" de libé a toujours été un ton en dessous du Monde par exemple, et cela ne s'améliore pas ces temps-ci. J'ai trouvé certains articles récents plus que limites. Cela avait commencé par une interview donnée par Nicolas S. fin décembre. Le moins que l'on puisse dire, c'est que c'était musclé : on avait plutôt l'impression d'un match de boxe entre un ministre et un journaliste... avec des coups en-dessous de la ceinture comme lorsque le ministre évoquait la chute des ventes du journal pour moucher son interlocuteur. Et puis là, en une semaine, deux "affaires". La première concerne le cas Chavez, accusé d'antisémitisme par libé. Je ne connais pas très bien Chavez, qui ne m'a toutefois pas l'air d'un enfant de choeur. Lorsqu'on lit l'article, on n'avait bien sûr aucun doute sur le bien-fondé de cette accusation : Chavez fustigeait les "descendants" de ceux qui ont "crucifié le Christ". Le Monde a d'ailleurs repris ses accusations. Et puis le doute a surgi. La citation avait été sévèrement tronquée, et mal traduite : le mot juif n'est jamais prononcé, il parlait des minorités "possédantes", qui avaient aussi "crucifié Simon Bolivar". Il paraît que c'est exactement le discours de la "théologie de la libération", courant catholique expliquant que les pauvres sont quotidiennement "crucifiés" sur l'autel des intérêts des plus riches, et on serait donc plutôt dans un discours d'extrême-gauche chrétienne. Un rabbin a exprimé ses doutes sérieux. Le Monde a modifié son article en ligne. Et puis est venue une réponse sur le site d'acrimed (je vous conseille de vous y reporter pour avoir tous les détails...) . C'est alors que libé a vraiment débordé. Ils ont fait passer un article d'un blog critiquant leur papier original pour un courrier des lecteurs, ont publié ce texte sans demander quoi que ce soit à l'auteur tout en tronquant ce soi-disant courrier. Limite sur la forme et la déontologie. Sur le fond, après avoir lu de nombreux arguments et contre arguments, j'ai l'impression que libé n'a pas correctement fait son travail dans cette histoire, en occultant certains faits, en faisant des raccourcis, et en biaisant parfois sa présentation des choses - en passant sous silence notamment le discours social mâtiné à la sauce religieuse. Chavez est peut-être antisémite, mais les méthodes employées par libé pour m'en convaincre décrédibilisent complètement leur discours.
Et puis nouvelle affaire ces jours-ci. Libé rapporte qu'un proviseur a été révoqué de l'Education Nationale car il aurait tenu un blog à caractère pornographique, citations à l'appui. En fait, le blog n'avait rien de pronographique : le blogueur s'attristait des requêtes google tendancieuses qui menaient à son site, ce qu'il attribuait au fait qu'il était gay et qu'il évoquait parfois sa vie sentimentale. En fait, en creusant un peu et en lisant la blogosphère, on s'aperçoit que le blog semblait de bonne tenue, et qu'on pouvait y lire des billets d'un proviseur apparemment consciencieux et courageux. Le proviseur a déposé un recours, est soutenu par son syndicat et par l'équipe de son lycée. Le journaliste de Libé s'est excusé, l'article a été modifié.
Tout cela commence à faire beaucoup. Libé a également eu quelques problèmes plus graves assez récemment (grèves, licenciements, rachat partiel, ventes en chute libre). Ma confiance en ce journal en a pris un coup, et j'aimerais sincèrement que ce quotidien redresse la barre.... Car j'aime bien libé malgré tout.

17 janvier 2006

Science : l'évolution de la parité.

En ce moment, je lis énormément de choses sur l'évolution. Je suis tombé sur un site très amusant parlant de l'évolution du sexe. Un argument concerne le rapport hommes/femmes dans la population et est dû à un certain Fisher :
The total reproductive value of the males [in a population] is exactly equal to the total value of all the females, because each sex must supply half the ancestry of all future generations of the species...The sex ratio will so adjust itself, under the influence of Natural Selection, that the total parental expenditure incurred in respect of children of each sex, shall be equal.
Supposons une population où il y aurait moins de femmes que d'hommes par exemple (quelle horreur !! il paraît que c'est malheureusement le cas en Chine à cause de la politique de l'enfant unique). Alors les femmes ayant le plus de filles ont un avantage reproductif certain : en effet elles n'ont alors aucun problème à trouver un partenaire et peuvent se reproduire sans problèmes. Donc elles transmettent leur gènes et donc on sélectionne les femmes ayant plus de filles. Ce que je ne comprends pas bien, c'est le moment où on arrête ce processus. A priori, je dirai que c'est le moment où les femmes commencent à avoir des difficultés à trouver des partenaires, donc le moment où il y a trop de filles par rapport aux hommes. Donc on s'arrête théoriquement quand il y a autant de femmes que d'hommes... Pourtant, je crois savoir que statistiquement, il y a plus de naissances de garçons que de filles (en tous cas, dans l'échantillon non-représentatif de mes amis parents, c'est très vrai !). Les femmes étant en minorité, cela signifie que statistiquement, ce sont elles qui vont faire le choix de leur partenaire. S'il y a plus d'hommes que de femmes, cela signifie peut-être que les femmes sont en fait plus regardantes pour le choix de leur partenaire que les hommes puisqu'il leur faut un échantillon plus important pour qu'elles se reproduisent... Je m'interroge : cette inégalité à la naissance serait-elle donc une conséquence indirecte des moeurs plus légères des hommes ?

Ajout 19 Janvier : J'avoue que je suis intrigué par cette histoire de parité des sexes, et que je ne suis pas du tout convaincu par cet argument. Par exemple, il ne faut pas non plus oublier que c'est bien l'homme qui "décide" du sexe de l'enfant, en fournissant au choix un chromosome X ou Y. Donc on a du mal à imaginer une sélection faite sur les femmes (ou alors elle passerait par leurs fils). De toutes façons, dans toutes ces histoires de génétique et d'évolution, il ne faut pas oublier les effets purement aléatoires, comme la dérive génétique. Tout n'est pas nécessairement sélectionné ou expliquable. Sinon, pour poursuivre mon raisonnement un peu foireux, on devrait voir des corrélations amusantes : si l'on suppose que la femme choisit son partenaire sur des critères "raisonnables" (sérieux du mari, fiabilité...), alors on voit bien qu'un homme sérieux, bon père de famille, a tout intérêt pour transmettre ses gènes à avoir davantage de garçons qu'un aventurier dilettante, qui lui au contraire a intérêt à avoir des filles car ses gènes risquent alors d'être éliminés à la génération suivante, ses fils ayant une probabilité plus importante de ne jamais trouver de partenaire...

09 janvier 2006

Je ne voudrais pas me moquer...

... mais les Américains ont le chic pour donner des prénoms totalement ridicules et/ou absurdes. Cela doit être une autre facette de la liberté individuelle absolue. Tous ces exemples sont réels, et le pire, c'est qu'on les trouve dans des milieux aisés/cultivés. Florilège dans l'ordre de bizarrerie croissante:
- une jeune fille a été baptisée, c'est le cas de le dire, "Kathedral". Le pire est que le mot existe en anglais...
- une employée de mon université s'appelle... "Kretina". Apparemment, le K était à la mode il y a quelques années, heureusement, ils auraient pu écrire tous ces prénoms avec un C.
- un jeune étudiant en thèse a une mère francophile au point d'avoir appeleé son fils "Déchanté". La plupart des gens l'appellent Sean car ils ne peuvent pas prononcer son prénom. Le plus terrible est que ce jeune homme est content de rencontrer des Français qui peuvent eux, le prononcer, et malheureusement pour lui le comprendre...
- une bibliothèque à Yale porte le nom d'un(e) certain(e) Seeley G. Mudd.
- enfin, celui qui est pour moi de très loin le champion toutes catégories, au point d'avoir suscité des ricanements de l'audience lors d'un séminaire auquel j'ai assisté. Il s'agit d'une pauvre jeune fille, dont les parents, Mr et Mrs "Junk" se sont longuement creusés la tête avant d'appeler leur fille "Trulie". Je comprends maintenant pourquoi certains enfants font des procès à leur parents...

05 janvier 2006

...

Pas de titre pour ce billet car je reste coi. En faisant une revue de blogs, je suis tombé sur ce billet de ceteris paribus qui lui-même pointe sur ça. Au début, j'ai cru que c'était une blague de très mauvais goût, mais non, tout a l'air vrai, de cette horrible anecdote à cette chronique économique. Je ne sais pas pourquoi, cela m'a fait penser à Hanna Arendt et à Eichmann. Je me décerne donc un point Godwin.

Science/Lecture : Unités de farine

Supposez que, pour fêter la nouvelle année, vos vous décidiez à préparer quelques crêpes. Dans un pays moderne comme la France, vous rassemblerez pour quatre personnes 250 g de farine, 4 oeufs et un demi-litre de lait. Mais comment feriez-vous dans un pays qui préfère utiliser des "cups", "table spoon" ou encore "gallon"? Bien sûr, vous pouvez mettre en place votre système de conversion maison (par exemple une cup=250mL=120g de farine). Mais avouez que c'est tout de même bien moins pratique que notre bon vieux système métrique, où tout se divise simplement (allez convertir une table spoon en cup...) et où 1L d'eau a le bon goût de peser 1kg. Je ne parle pas des températures : le degré Farenheit est le quatre vingt-seizième (96 =8 x 12 en fait...) d'un intervalle de température complètement ubuesque entre la température la plus froide enregistrée à Gdansk (!) et la température du sang...

Et oui, je déplore quotidiennement que le pays soi-disant le plus moderne du monde n'ait pas encore adapté notre bon vieux système métrique. Comme le rappelle un excellent livre récent, "Les constantes fondametales" de Jean-Philippe Uzan et Roland Lehoucq, le système métrique est une invention de la Révolution, et honnêtement on peut dire que sur ce coup-là, nos ancêtres ont eu une idée assez géniale en créant ce système d'unité décimal, donc très simple, pour les conversions, et basé sur des constantes "universelles". Ainsi, dès l'origine, un mètre représente une fraction définie de la longueur du méridien terrestre, un kg représente une masse d'un décimètre cube d'eau, tandis que le degré centigrade est tout simplement le centième de l'écart de température entre le point de solidification et le point d'ébullition de l'eau. Evidemment, à nous qui avons vu cela en long et en large dès notre plus tendre enfance, cela paraît plus qu'évident, mais la beauté et l'intérêt de ce système ne m'ont jamais autant frappé que depuis que je suis ici.

De fait, le système métrique marque le commencement de la véritable métrologie. Comme le décrivent Uzan et Roland Lehoucq, ce qui est fascinant est de voir comment les avancées de la physique ont changé notre vision du monde et des unités. Par exemple, la théorie de la relativité, en mettant la vitesse de la lumière c au centre de la physique relativise, a bouleversé complètement notre vision de l'espace et du temps, si bien que le mètre est aujourd'hui défini à partir de c et de la seconde. Cela signifie en quelque sorte que la vitesse de la lumière est fixée par la loi- ce qui n'a rien d'idiot, rien à voir avec la colonisation. Cela peut paraître surprenant, mais est en fait parfaitement cohérent scientifiquement : il est bien plus logique de se baser sur des constantes fondamentales, a priori immuables, pour mesurer une quantité. Ainsi, en ajoutant à c la constante de Planck et la constante de gravitation universelle, on peut avantageusement (du point de vue de la physique des particules, pas pour la vie de tous les jours !) définir des nouvelles masses, longueurs et unités de temps de référence (dites "de Planck"). En fait, une légende raconte que cette idée sous sa forme moderne est exprimée pour la première fois dans un article de Gamow, Ivanenko et Landau, qui en ont fait un article dans le but avoué de courtiser une jeune étudiante. D'expérience, il est plus efficace de cuisiner des crêpes. Question subsidiaire : une cup de farine, cela fait combien de masses de Planck ?

03 janvier 2006

Science : encore de l'intelligent design...

Je l'avoue, je suis assez fasciné par mes "ennemis" scientifiques les "intelligent designers" (ID). Pour plusieurs raisons très simples : je suis en Amérique leur champ de bataille, et surtout je travaille moi-même sur l'évolution (des réseaux génétiques). Je lis donc énormément de littérature récente sur le sujet.
Les ID ont une stratégie intéressante : ils prétendent attaquer la science sur son terrain, en faisant semblant de croire que si la science n'est pas capable d'expliquer (pour l'instant) certains phénomènes, c'est que ces phénomènes sont inexplicables, d'où le recours à une intervention extérieure. Cette forme de raisonnement, qui ne résiste pas sérieusement à l'analyse, est en fait tout à fait typique et très répandue dans nos sociétés modernes, et dénote en fait paradoxalement d'une foi démesurée en la science, en sous-entendant que la science actuelle et surtout future devrait être capable de tout expliquer. Dans un registre totalement différent, combien de fois a-t-on entendu qu'il n'était pas prouvé que telle substance chimique n'était pas dangereuse car les études scientifiques ne l'ont pas démontré ? Or ne pas savoir s'il y a un danger n'est pas équivalent à savoir qu'il n'y en a pas. Ne pas connaître d'explication scientifique n'est pas équivalent à savoir qu'il n'y en a pas (ce qui incite alors à trouver des explications "ailleurs" si on ne trouve pas le seul hasard convaincant). Or on a trop tendance à penser que la science "sait" ou "saura" un jour par définition, ce qui amène à ce genre de syllogisme, et je pense que les ID jouent là-dessus... Autrement dit, non seulement tout n'est pas explicable par la science, mais il en sera toujours probablement ainsi, et l'incertitude fait aussi partie de la science (sans aller jusqu'au principe d' Heisenberg...).
Concernant le questionnement scientifique, leur obsession, leur théorème ( qui est probablement la source principale d'espoir pour les ID scientifiques) est qu'il est impossible de fabriquer des fonctions complexes à l'aide de changement simples et progressifs. Les ID soutiennent que Darwin prétend le contraire - ce qui est peut-être vrai, je n'ai pas vérifié, mais ce n'est pas vraiment le problème. Ainsi Bill Dembski a même organisé un concours sur son site web pour essayer de voir comment l'évolution technologique se faisait par cette stratégie de petits pas. Son idée à mon avis est de montrer que les petits pas sont orientés vers la fonction finale (intelligence du designer). Le gagnant arrive ainsi à passer d'une citrouille à une carriole (en passant par une table - son scénario d'évolution totalement loufoque décrédibilise d'ailleurs à mon avis ce jeu absurde). A mon avis, les ID tiennent avec cette idée le bâton pour se faire battre (provisoirement, car ils reviennent toujours à la charge). Je ne crois pas à titre personnel que l'évolution se fasse à coups de petits pas (et ce que Darwin pensait, on s'en fiche un peu à vrai dire, on parle ici de néo-darwinisme, personne ne critique la relativité générale en attaquant Newton, mais passons). En fait, la théorie qui prend de l'ampleur actuellement à mon avis est plutôt l'idée que l'évolution se fait par l'intermédiaire de petites mutations, non exprimées, qui du fait d'un changement d'environnement, ou d'une mutation de trop (la goutte d'eau qui fait déborder le vase) se retrouvent exprimées, donnant lieu à de brusques pas. Cette idée est soutenue par le fait que les réseaux génétiques sont en fait très robustes face à toutes sortes de perturbations (environnementales ou génétiques). Cela signifie que la nature a inventé des mécanismes pour empêcher les petits pas. Du coup, des petites modifications mineures peuvent s'accumuler sans problèmes. Mais il peut arriver que ces mécanismes tampons soient défaillants : les mutations accumulées s'expriment alors pleinement et on a un trait phénotypique très différent qui peut apparaître. L'exemple canonique de protéine "tampon", étouffant les mutations, est la protéine Hsp90 chez la drosophile (il y a eu un article très connu dans Nature). Ce mécanisme peut théoriquement aller très loin : comme on sait qu'il y a des gènes de structure (contrôlant la formation des membres par exemple), on peut sûrement voir apparaître des trucs assez violents par ce processus. J'ai l'impression que c'est la vision en cours de précision des théoriciens de l'évolution, et je pense que les ID vont avoir des déconvenues s'ils se fixent sur cette idée des petits pas... Tant pis pour eux !

02 janvier 2006

Santa Rockettes



Derrière le Rockefeller Center, il y a une salle de spectacle appelée "Radio City Music Hall". Depuis ma première visite à New York, je me demandais ce qui se tramait en ce lieu devant lequel s'ammassent régulièrement des centaines d'Américains. J'ai eu dernièrement la chance d'entrer dans ce saint des saints de la culture américaine, et ai découvert l'existence des fameuses "Rockettes". Ces danseuses très célèbres ici sont les actrices centrales d'un spectacle vieux de plus de soixante-dix qui a lieu chaque année durant les "vacances" de Noël. J'ai donc pu assister à une de ces représentations, et n'ai pas été déçu. J'ai été tout d'abord très surpris de voir à quel point ce spectacle était conforme à la mythologie américaine de Noël, que nous connaissons bien à travers les films et que nous avons en partie adoptée. Le spectacle est une succession de tableaux autour du père Noël et a éveillé en moi de nombreux souvenirs d'enfance. Cela commence par un film en 3D montrant "Santa" survolant Manhattan à bord de son traîneau (avec gros plans sur JPMorgan et la Chase sur Times Square...), puis se poursuit par une succession de tableaux sur le père Noël et la livraison de cadeaux. Les Rockettes (je soupçonne que ce nom est la version féminisée de Rockefeller...) nous gratifient durant plusieurs tableaux de danses spectaculaires et de spectacles de claquettes. L'un des tableaux les plus impressionnants est le défilé des soldats de bois, durant lequel les Rockettes marchent d'un pas mécanique et exécutent des motifs somptueux sur scène (la garde Républicaine peut aller se rhabiller). Ce tableau se termine par une figure proprement hallucinante : les Rockettes se placent les unes derrière les autres et tombent une à une, renversant leur camarade placée derrière elle, à la manière de dominos !! J'ai été très impressionné par ce spectacle, qui est parait-il très couru et très populaire ici. Détail amusant : après cette succession de saynètes bon enfant dignes de Disneyland, le show se termine par une "Nativité" totalement délirante par son sérieux et son incongruité dans ce pays où les gens préfèrent un neutre "Happy Holidays" au classique "Merry Christmas". Joseph sous acide faisant des grands signes vers l'Etoile du Berger, cela vaut le détour...

Bonne année !!

Bonne année à tous les lecteurs de ce blog...
Ce matin, je vis une situation hallucinante : les rues et les couloirs de l'université sont vides, la ville est morte. Je me précipite sur le site du New York times : la grève aurait-elle repris ? Que se passe-t-il donc ? En fait, la réponse m'est donnée par une affiche dans le couloir : les vacances ne s'achèvent que demain. Aujourd'hui, lundi 2 janvier, tout le monde digère... En France, tout le monde a repris ce matin. Cherchez l'erreur (ou le préjugé ?)...