Carnet du petit Tom : Physique, biologie et évolution...

07 décembre 2006

Organisation de la recherche suite

Rapidement, deux articles glanés sur le web en complément de mon billet du 2 décembre :


  • un article du monde d'avant-hier sur le retard pris en Europe sur la recherche et développement qui ne vous a sans doute pas échappé. Extraits allant dans le sens de mon impression de "terrain":

    "La question des effectifs de scientifiques est également préoccupante. Dès 2003, l'Union européenne avait tiré la sonnette d'alarme, en disant qu'il fallait que l'Europe compte 700 000 chercheurs de plus en 2010 pour atteindre les objectifs de Lisbonne. Cet objectif a peu de chance d'être atteint, en raison, essentiellement, du faible taux de chercheurs en entreprise dans les pays de l'Union."


    " (...) les chercheurs bien formés ont encore plus d'opportunités de carrière en dehors de leur pays d'origine. Et pas seulement au sein des pays de l'OCDE. "Après la deuxième guerre mondiale, les chercheurs américains sont venus en nombre dans des laboratoires européens au Max Planck Institute, en Allemagne, ou au CNRS, en France. Maintenant, ils vont de préférence en Asie, en Chine, en particulier, où on leur offre de bonnes conditions pour travailler", explique M. Cervantes. Les chercheurs européens commencent à faire de même.




  • un article de telos-eu sur les discriminations (ethniques) à l'embauche, ce qui n'a a priori rien à voir, mais m'a rappelé quelque chose :





    Première priorité, il faut cesser de stigmatiser l'offre universitaire et réfléchir aux facteurs qui empêchent les entreprises d'améliorer leurs processus de recrutement. Car ce qui diffère entre la France et les Etats-Unis au moment du recrutement d'un jeune n'est pas sa formation fondamentale. Le jeune français n'a généralement pas suivi plus de cours inutiles à l'université (sociologie, anthropologie, psychologie voir cinéma) que son camarade américain. Il a, par contre, généralement devant lui un recruteur dont l'horizon temporel est particulièrement court, c'est-à-dire ne saisissant pas la capacité d'apprentissage de ce premier.



    Pourquoi ce dernier point m'a-t-il interpelé ? Mawashi parlait dans son commentaire de la reconnaissance du statut de docteur. Quoi qu'on en pense, un docteur a fait ses preuves dans sa démarche de recherche et a donc montré sa capacité créatrice et sa capacité à apprendre qui devrait être valorisable et valorisée. Or, le fait que le diplôme de thèse soit une moins-value par rapport au diplôme d'ingénieur prouve que les recruteurs en entreprise voient la thèse comme une formation inutile. Au contraire, les instances de recrutement dans la recherche publique nous demandent de faire encore plus de preuves de ces mêmes capacités (post-doc à rallonge, publications...). Aux Etats-Unis, où un docteur sera recruté en entreprise pour son potentiel, cela n'est pas gênant car il n'y a pas de contradiction entre les deux systèmes, en France où on recrute plutôt sur la nature de la formation en entreprise, les deux systèmes tirent dans des sens différents et l'effet sur la recherche peut être catastrophique à terme.



4 commentaires:

Matthieu a dit…

tu as parfaitement raison, je ne comprends vraiment pas pourquoi le diplome de thèse est autant sous-valorisé en France. Alors que conduire un projet de recherche pendant 3 ans, c'est a priori montrer de belles qualités de perseverance, d'approfondissement, d'organisation, etc... D'autres ont un avis différent, il y avait eu un petit débat apres un billet chez moi dont voici le lien. L'ingénieur qui s'est exprimé partageait l'avis répandu selon laquelle les thésards n'ont pas les compétences necessaires pour être immédiatement opérationnels. Je lui ai répondu que les X et les Centraliens n'ont plus, ni les HEC en bizness, mais qu'on les recrutait pour leur capacité à apprendre.

Anonyme a dit…

Matthieu,

Je suppose que c'est de moi qu'il s'agit :)
Je n'arrive plus à retrouver l'endroit où l'on avait eu cette discussion (je croyais que c'était chez Enro mais je n'ai pas réussi à retrouver le billet), mais je veux préciser une chose : je n'ai _jamais_ soutenu personnellement que les thésards n'avaient pas les compétences pour etre opérationnels. C'est la vision globale du monde industriel que je relevais, ce n'était qu'un constat.
Je me suis d'ailleurs à plusieurs reprises exprimé contre la frilosité des recruteurs
http://eric.cabrol.free.fr/dotclear/index.php/2006/10/20/323-france-pays-de-la-diplomite
http://eric.cabrol.free.fr/dotclear/index.php/2006/12/05/378-recrutement-teletravail-recherche-et-developpement
(écrit mardi dernier, je vois qu'avec Tom on a les memes lectures ...)

Matthieu a dit…

Eric : je m'apercois à ma grande honte que le billet que j'ai mis en lien n'était pas le bon, c'etait celui là. Par contre, je ne crois pas avoir déformé vos commentaires, qui commencaient par Dans mon domaine (le calcul de structures par éléments finis), l'inadéquation des formations universitaires avec le monde de l'entreprise est flagrante, continuait par Le problème est le même après une thèse qu'après un DEA, peut-être même aggravé par la spécialisation des sujets abordés par les doctorants, et ensuite Manier des outils de simulation, produire quelque chose sont des activités que les universitaires laissent aux ingés :). Pour te rendre justice, il est vrai que tu ajoutais dans le 4eme commentaire Si les thésards sont également capables de faire ce que font les ingés ? Evidemment ! Meme s'ils n'ont pas forcément une culture aussi "large", ca peut se rattraper rapidement. Juste pour dire que j'ai pas trop déformé, tvouââ. et que j'ai lu tes billets, d'ailleurs :-D

Anonyme a dit…

En fait j'ai lu un peu trop vite ton commentaire et ai zappé le "immédiatement" qui précèdait le mot opérationnel (d'ailleurs le mien de commentaire ne faisait pas mention de ce "immédiatement").
Petite nuance, mais grosses conséquences, en fait, au moment d'aborder le monde du travail, puisque les recruteurs, souvent restreints à une vision à long terme quand ils embauchent des jeunes diplomés, veulent avoir des résultats immédiats. Ils veulent que les candidats qu'ils recrutent soient immédiatement rentables, et préfèrent du coup les élèves ingénieurs aux universitaires.

Les seuls cas où ils voient un peu plus loin que le bout de leur nez c'est quand il s'agit de recruter des cadres "à fort potentiel". A ce moment les X, HEC & Co prennent le dessus, parce que les recruteurs estiment que leurs capacités à apprendre, comme tu le dis, et surtout à apprendre vite et sous pression (qu'ils ont normalement démontrées en prépa), sont fondamentales.

Peut-etre est-ce là qu'ils leur trouvent une supériorité sur les thésards ? Sur le fait qu'un doctorat est certes un projet à gérer, mais sans la meme contrainte de temps que ce à quoi est habitué le monde industriel ?