Lecture : Joseph d'Arimathie
J'ai attaqué ces derniers jours la série du mythe du Graal. Il va me falloir du courage pour finir le tout : il y a quand même deux gros tomes dans la collection "La Pleiade" (il faut dire qu'ils ont inclus la version en ancien français). J'ai fini Joseph d'Arimathie. Ce roman vaut vraiment le détour à plusieurs titres. D'abord, c'est l'introduction du grand cycle littéraire du Moyen Age. Ensuite, il fait le lien (romanesque) entre le Nouveau Testament et l'Occident chrétien, car il annonce la Quête du Graal menée par les chevaliers d'Arthur. Nous suivons donc les péripéties de Joseph d'Arimathie, qui a recueilli le sang du Christ dans la "sainte écuelle", et qui voyage en pays sarrasin, convertissant le roi Mordrain et son beau-frère Nascien, ancêtre de Lancelot et de Galaad. Il leur arrivera de nombreuses aventures, parfois loufoques, mais ils s'en sortiront en s'en remettant toujours à Dieu. En dehors de l'histoire, le plus intéressant à mon sens est toute la philosophie morale catholique du Moyen Age qui transparait dans le récit. Ainsi, vous retrouvez un Dieu vengeur, extrêmement dur avec les mauvais, mais qui pardonne instantanément si vous épousez la foi du Christ. Le pêché est sévérement condamné, et le plus honni d'entre eux est le pêché originel, commis par Eve et partiellement "rattrappé" par la conception "sans luxure" du Christ. C'est d'ailleurs sans conteste possible le roman le plus misogyne que je connaisse : la femme est représentée comme le pêché incarné. Par exemple, le diable apparaît toujours sous des traits féminins; il y a quantité d'anecdotes et de récits annexes consacrés à la duplicité par nature de la femme, par exemple le récit de la vie d'Hippocrate (oui oui, le médecin !). Plus qu'un être inférieur, la femme est représentée comme un être dangereux... C'est en fait assez effrayant, car on réalise en lisant ce "conte" que toute notre civilisation et notre culture reposent en fait sur ce genre de traditions. J'ai depuis attaqué Merlin qui est plus moderne de de point de vue : la femme redevient sauvable (à condition qu'elle soit très pieuse évidemment).
2 commentaires:
Cher Tom,
Merci de nous faire partager tes lectures, qui sont toujours fort passionnantes. La vision de la femme décrite ici est assez effrayante en effet. Elle se retrouve dans l'iconographie catholique dans le fait que le diable tentateur d'Eve est souvent représenté sous des traits féminins lui même. Il ne devient serpent (sous l'aspect qu'on lui connait) que parce que Dieu le condamne à ramper après avoir commis son forfait. Les artistes se sont alors engouffrés dans la brèche... Si la femme incarne le diable pour les hommes de cette époque c'est parce qu'elle est entièrement réduite à son état d'objet (son esprit est nié) et donc d'objet sexuel. En l'état elle ne peut rien apporter de bon : l'amour à vivre avec elle n'est que physique (que peut-on vivre d'intellectuel avec un pur objet ?) et il est donc vide de sens. En celà, la vision mysogine des hommes du Moyen Age rappelle celle des grecs anciens, qui eux en revanche on eu l'intuition que l'acte sexuel n'était pas mauvais en soi (c'est juste leur partenaire féminin qui manquait de profondeur, si je puis me permettre), et ils ont donc créé l"Amour Grec". Enfin, la morale de l'histoire quand même c'est que ces choses là devraient être interdites à quiconque n'a pas d'égard pour la personne qu'il a en face de lui. Mais j'ai bien conscience que c'est là un coup d'épée dans l'eau.
Bisous petit Tom
Nicole
Tribute to P-E P
Savez-vous qu'en hébreu "Arimathie", c'est "Après la mort", et "Graal", plus exactement "Goral", c'est le sort, comme on dit "tirer au sort".
http://michel.louis.levy.free.fr/blog/index.php?2007/04/26/419-les-hasards-de-la-vie
Bien cordialement
MLL
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