L'évolution du sado-masochisme (économique) ?
Un article de Science de la semaine dernière (Gürerk et al., Science7 April 2006,Vol. 312. no. 5770, pp. 108 - 111) relate une expérience intéressante quant à l'évolution de la coopération entre être humains. Dans une société idéale (SI), les hommes mettent en commun de façon équitable leurs ressources et leur énergie afin de contribuer à l'intérêt général. Seulement, dans cette société idéale, on rencontre bien vite des problèmes type "dilemme du prisonnier" : il y a toujours des petits malins qui vont essayer de détourner le système pour maximiser leur profit propre, par exemple en investissant moins dans le bien commun tout en récoltant le fruit des efforts des autres. On peut donc imaginer un deuxième type de société : une société sado-masochiste (SSM) où tout un chacun peut maintenant choisir de punir un individu ne contribuant pas suffisamment au bien commun. Problème : il faut mettre alors en place une espèce de police, et la sanction a alors un coût. En fait, les sociologues prétendent qu'empiriquement une société humaine doit mettre en place de telles sanctions sous peine d'effondrement. Pourtant, la SI représente l'idéal théorique, puisqu'il n'y a pas de pertes dues au financement de la sanction.
Comment les sociétés humaines s'organisent-elles alors spontanément ? Afin de répondre à cette question, Gürerk et al. ont mis en place une expérience sociale grandeur nature. 84 étudiants se sont vus remettre de la monnaie fictive, qu'ils pouvaient investir collectivement, les intérêts étant répartis de manière équitable. A chaque cycle de l'expérience, les étudiants pouvaient choisir entre les deux types de sociétés. Dans la SSM, à chaque fin de cycle, les étudiants pouvaient décider individuellement d'appliquer des sanctions financières aux individus dont ils estimaient qu'ils n'investissaient pas assez, chaque sanction amputant néanmoins légèrement leur propre budget. L'expérience a duré 30 cycles, le but étant de maximiser le profit.
Spontanément, deux tiers des étudiants choisissent alors la SI pour les premiers cycles. En moyenne, au départ, les individus de la SI investissent peu, et beaucoup d'entre eux n'investissent pas du tout et profitent du système. Au contraire, les individus ayant choisi au départ la SSM investissent en moyenne beaucoup, et sanctionnent également beaucoup leurs congénères, ce qui à la longue crée une norme d'investissement minimum. L'évolution est alors intéressante, comme disent les auteurs, les individus "votent avec leurs pieds" : les individus de la SI finissent en fait tous par rejoindre la SSM, estimant que les bénéfices y sont plus importants. Détail cocasse : les anciens profiteurs de la SI se mettent à suivre la norme de la SSM et à sanctionner eux aussi les profiteurs... L'article présente alors deux conclusions : la première, c'est qu'il existe donc une minorité d'individus très actifs (les fondateurs de la SSM) qui ont une influence profonde sur le reste de la société et mettent en place une très forte norme sociale par la sanction. La seconde, c'est qu'en réponse à cette forte influence, le reste de la société se comporte comme des moutons et adopte sans remords cette norme sociale, même s'ils n'y adhéraient pas spontanément. Autrement dit, le conformisme est inscrit dans nos gènes...
Comment les sociétés humaines s'organisent-elles alors spontanément ? Afin de répondre à cette question, Gürerk et al. ont mis en place une expérience sociale grandeur nature. 84 étudiants se sont vus remettre de la monnaie fictive, qu'ils pouvaient investir collectivement, les intérêts étant répartis de manière équitable. A chaque cycle de l'expérience, les étudiants pouvaient choisir entre les deux types de sociétés. Dans la SSM, à chaque fin de cycle, les étudiants pouvaient décider individuellement d'appliquer des sanctions financières aux individus dont ils estimaient qu'ils n'investissaient pas assez, chaque sanction amputant néanmoins légèrement leur propre budget. L'expérience a duré 30 cycles, le but étant de maximiser le profit.
Spontanément, deux tiers des étudiants choisissent alors la SI pour les premiers cycles. En moyenne, au départ, les individus de la SI investissent peu, et beaucoup d'entre eux n'investissent pas du tout et profitent du système. Au contraire, les individus ayant choisi au départ la SSM investissent en moyenne beaucoup, et sanctionnent également beaucoup leurs congénères, ce qui à la longue crée une norme d'investissement minimum. L'évolution est alors intéressante, comme disent les auteurs, les individus "votent avec leurs pieds" : les individus de la SI finissent en fait tous par rejoindre la SSM, estimant que les bénéfices y sont plus importants. Détail cocasse : les anciens profiteurs de la SI se mettent à suivre la norme de la SSM et à sanctionner eux aussi les profiteurs... L'article présente alors deux conclusions : la première, c'est qu'il existe donc une minorité d'individus très actifs (les fondateurs de la SSM) qui ont une influence profonde sur le reste de la société et mettent en place une très forte norme sociale par la sanction. La seconde, c'est qu'en réponse à cette forte influence, le reste de la société se comporte comme des moutons et adopte sans remords cette norme sociale, même s'ils n'y adhéraient pas spontanément. Autrement dit, le conformisme est inscrit dans nos gènes...
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