Carnet du petit Tom : Physique, biologie et évolution...

17 mai 2007

Détente : Evolution et Science fiction

L'actualité récente et mes voyages en avion aidant, je me propose de faire une petite liste (subjective et très incomplète) de mes romans préférés de sciences fiction ayant abordé l'évolution sous une forme ou une autre. N'hésitez pas à suggérer d'autres titres ou nouvelles : je suis toujours intéressé par ce genre de littérature !

  • Asimov dans son cycle Fondation aborde le sujet de manière détournée. L'apparition spontanée d'un humain évolué mutant, le Mulet, met complètement par terre le plan Seldon. C'est assez amusant comment l'évolution, aléatoire, imprévisible, s'oppose ici à la psychohistoire déterministe, sorte de super économie prédictive. Quant au Mulet, l'un des personnages les plus étonnants de l'univers d'Asimov, comme tout bon mutant, il ne peut avoir de descendance humaine, d'où son nom...
  • Dick a abordé le sujet dans une nouvelle, l'homme doré, ayant récemment inspiré un film (que je n'ai pas vu, mais qui n'a pas l'air très fidèle). L'homme doré dispose à la fois d'un instinct (qui lui permet d'anticiper le futur) et d'une puissance sexuelle surdéveloppée au détriment de son intelligence, ce qui lui assure une adaptation tout à fait remarquable. La nouvelle est très intéressante, et va complètement à l'encontre de la corrélation entre marche vers l'intelligence et évolution : Dick suggère explicitement que l'homme futur se débarassera ainsi de son intelligence, devenue totalement inutile.
  • Hyperion est l'un de mes cycles préférés. Simmons a manifestement été très inspiré par Teilhard de Chardin, inventeur notamment du concept de "Noosphère". Teilhard décrit l'évolution comme une marche vers ce qu'il appelle le "Christ Cosmique"; Simmons nous raconte en fait cette marche dans la deuxième partie du Cycle à partir d'Endymion. J'avoue que la première fois que j'ai lu Hyperion, ces références scientifico-mystico-religieuses m'avaient un peu échappées, mais après relecture d'Hyperion et lecture de certains livres de Teilhard, je n'ai plus aucun doute : Simmons est très sérieux, et Hyperion est probablement le premier roman qu'on pourrait labelliser "Intelligent Design" : par exemple, les Tombeaux Du Temps, Moneta et le Gritche, remontant le temps pour, en quelque sorte, "porter la bonne parole", ne sont pas sans rappeler certaines théories farfelues déjà évoquées dans ces pages.
  • Plus récemment, on peut citer L'Echelle de Darwin et les Enfants de Darwin de Greg Bear. Ces deux romans sont basés sur l'idée qu' un virus aurait pu faire évoluer Neandertal vers Sapiens, et réactivé, faire atteindre à Sapiens un stade encore supérieur. Romans distrayants à défaut d'être exceptionnels.

D'autres suggestions ?

6 commentaires:

Anonyme a dit…

*mode cynique ON*
Ah!? Parce que l'homme n'a pas deja abandonne son intelligence??
*mode cynique OFF*

Desole, c'etait facile...

Anonyme a dit…

Galapagos de Kurt Vonnegut!

erathrya

Anonyme a dit…

Et surtout, Tom, pourquoi ne pas se rappeler le “classique des classiques” sur le sujet, Childhood's End (La fin de l'enfance?) d'Arthur Clarke, puisque c'est là où on donne une version “globale” de notre évolution (comme espèce et planète) qui révèle le sens même de notre existence. C'est aussi un peu dans la direction de "point Omega", mais avec moins de mystique et plus de l'idée concrète (et moins optimiste) comment on va s'amuser plus tard sur cette foutue planète. Sinon, tu t'en intéresse pourquoi, à part de remplissage du temps des longs voyages? Il nous faut un peu plus d'évolution maintenant, tu ne pense pas, Tom? Par ailleurs, vu la souffrance énorme des chercheurs français, comme c'est décrit dans tes billets récents, je donne quelques conseils sur l'évolution nécessaire de la science française et mondiale sur le blog d'Olivier Postel-Vinay ( http://www.arborescience.com/blog/index/liste.php?action=affichage&id_blog=4&reference_message=81#lire ). C'est plutôt le darwinisme total maintenant: soit on change, soit on disparaît...

Tom Roud a dit…

@ erathrya
merci pour la référence !

@ Andrei : ah oui, oubli impardonnable. Mais il faut dire que cela doit bien faire dix ans que je ne l'ai pas relu. C'est vrai que l'histoire est très intéressante (je me souviens avec effrois des aliens au corps de démon qui accompagnent l'humanité dans sa transformation).

A part ça, pour répondre à tes questions, deux raisons m'ont poussé à écrire ce petit billet (outre le fait que je suis un vrai amateur de SF et que ce billet visait à découvrir les conseils des lecteurs de ce blog):
- je suis en train de lire le prix Hugo 2006 (Spin), dans lequel l'humanité se trouve dans une situation très étrange et est amenée à mener des expériences d'évolution en temps réel pour tenter de se sauver. Le thème du roman est vraiment très original (même s'il est quand même bien farci en clichés habituels) et j'aime beaucoup - il faut dire aussi que la SF m'a bien déçu ces derniers temps aussi.
- ma fascination pour l'Intelligent Design m'a poussé à acheter un livre comparant les visions de l'évolution entre Teilhard et Jaurès (!). Je voulais donc en profiter pour revenir un peu sur Hyperion, qui est de la très bonne SF mais dont les fondements philosophico-scientifiques me paraissent un peu douteux.

C'est marrant d'ailleurs, mais à lire tout cela, en pensant à Dick, Hubbard et tous ces écrivains scientologues, on ne peut que reconnaître que les écrivains de SF sont des gens timbrés limite dangereux !

Sinon pour la recherche, tu as pu constater qu'il m'arrive de m'énerver en commentaires du blog d'Olivier Postel-Vinay. A mon avis, question évolution de la recherche, on aurait plutôt intérêt à explorer notre niche écologique plutôt que d'essayer de faire exactement comme les autres, mais bon...

Anonyme a dit…

Je suis plutôt d'accord avec tes estimations et orientation concernant la SF. Compte tenu de rareté des créations nouvelles avec des idées et realisation intéressantes coté “intellectuel”, tu pourrais même essayer de compiler une liste renouvelable des œuvres qui méritent d'être lu selon à peu près les critères que tu décris ici. Sinon, la différence entre la créativité dans le genre au milieu du siècle précédant et aujourd'hui est évidente et impressionnante. Apparemment la fantaisie humaine est encore plus épuisable que les ressources matérielles. Il faut maintenant inventer ou accueillir quelque chose de “vraiment fantastique” (pas une “nanotechnologie” bidon!) dans la vie réelle, sinon on va s'ennuyer dangereusement (jusqu'à la “guerre des civilisations”!).

Pour la recherche, on est d'accord qu'il faut chercher quelque chose authentique et dépassant en particulier le système Américain. Mais en tout cas, il faut une rénovation et cela peut être difficile surtout subjectivement, à cause d'une certaine “paresse” intellectuelle des chercheurs français dans leur majorité. Au lieu de chercher les vraies nouveautés qui “transforment la science-fiction en réalité”, on s'occupe plutôt de sa petite carrière (dans le système existant) et son salaire, tout comme n'importe quel autre petit fonctionnaire d'état. Quel contraste entre les deux “états d'esprit”! Et pourtant la vraie science devrait ressembler plutôt à la science-fiction par son créativité réelle (plutôt que des mensonges “publicitaires” d'aujourd'hui) et dans son état normal, “quotidien”. Comment pourrait-on changer la situation? On pourrait penser aux “jeunes générations”, mais les vieux sélectionnent soigneusement les jeunes les plus dépourvus de créativité indépendante, et puis la durée de vie d'une génération en science est tellement grande aujourd'hui que finalement on a l'impression que la science va mourir plus tôt qu'une bonne génération puisse arriver “au pouvoir”. Il ne reste qu'espérer en une reforme qui vient “d'en haut” (classique pour la France, il faut l'avouer!), en “reforme Sarkozy”, donc, aujourd'hui. Mais quelque chose me laisse sceptique par rapport à la possibilité du changement nécessaire sur ce chemin... (j'aimerais beaucoup d'avoir une surprise agréable!).

Sinon, la science jadis “fondamentale” et créative (un des “moteurs du progrès” principaux) semble de devenir, un peu partout, une sorte de “loisir de luxe” purement subjectif qu'on peut se permettre aux pays développés (mais aussi beaucoup moins développés!), en espérant qu'une “vraie” avancée est toujours possible par ici, par là, mais en comptant plus concrètement sur les avancées réelles purement technologiques, malgré leur danger (sans compréhension fondamentale) et efficacité très variable (les vrais succès risquent de devenir de plus en plus rares). Les “postes universitaires” sont justifiés globalement plutôt comme les “filières préparatoires” pour des applications technologiques, à part quoi leur intérêt indépendant, pour la “science fondamentale” comme telle à déjà chuté, effectivement, jusqu'à zéro... Il ne reste aux derniers scientifiques passionnés que de pencher vers la fiction scientifique pure: même si cela est purement imaginaire, au moins, il y a quelque chose de vraiment intéressant là-dedans, tandis que ce travail exclusivement technique qu'on appelle “science” aujourd'hui est plutôt opposé à la vraie fantaisie et créativité ...

Anonyme a dit…

Excellent sujet, merci de l'aborder ! Deux précisions :
- à propos de l'adaptation cinéma de L'Homme doré, elle vaut surtout pour certains effets visuels... l'histoire étant largement revue et corrigée à la sauce Hollywood !
- à propos des Greg Bear, il s'agit d'un rétrovirus (effectivement étudiés par les chercheurs) qui ferait évoluer l'Homme en... une génération !

Quelques suggestions enfin :
- Quotient intellectuel à vendre de John Boyd
- Evolution de Stephen Baxter, qui retrace l'évolution de l'Homo Sapiens et de ses ancêtres lointains, y compris un possible futur de l'évolution sur Terre après la disparition de l'Homme moderne.